Les agriculteurs mécontents multiplient les actions syndicales

Dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 octobre 2024, dans le Gers, une soixantaine d’agriculteurs ont déversé de la laine de mouton, des bottes de foin et de la paille devant plusieurs bâtiments de l’État à Auch, à l’appel de la Coordination rurale.

La Coordination rurale à Auch

« Tracteurs chargés, bottes pourries. Enrubannez, bâchez, bombez à la peinture jaune, bref : videz vos fermes, il est temps de se faire comprendre », avait lancé Lionel Candelon, président régional de la Coordination rurale en Occitanie, pour appeler à une mobilisation qu’il souhaite voir s’amplifier en cette fin d’année.

La FNSEA et JA à Montauban

De leur côté, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) conduisent des actions de démontage des panneaux d’entrée et de sortie des communes dans plusieurs départements. 70 agriculteurs ont ainsi symboliquement déposé vendredi après-midi 250 panneaux d’entrée de communes devant la préfecture de Montauban (Tarn-et-Garonne).

« On veut des réponses concrètes. Si après les semis de blés dans trois semaines on n’a pas d’avancées, on passera à des actions plus lourdes et plus impactantes. J’ai souvent des appels d’agriculteurs qui sont à l’agonie et qui ont des huissiers à leurs portes, ça ne peut plus durer », déclare Benjamin Checchin, président des JA du Tarn-et-Garonne.

Une action similaire est prévue lundi soir à Foix, en Ariège, où la FDSEA et les JA dénoncent « le manque de mesures concrètes et durables de l’État face aux difficultés que rencontre la profession » et aux « multiples crises économiques, climatiques, sociales et sanitaires ».

Le mouvement de contestation agricole qui avait mené à des blocages routiers et à de nombreuses actions l’hiver dernier était parti de la région toulousaine, poussant plusieurs ministres, dont Gabriel Attal, alors Premier ministre, à se rendre sur place.

La nouvelle ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, est venue jeudi dans les Pyrénées-Orientales, où la situation des vignerons est critique, face à une sécheresse sans précédent. Dans le département voisin de l’Aude, élus locaux et représentants du monde viticole lui ont adressé une lettre vendredi pour l’inviter sur place, alors qu’une nouvelle visite est annoncée au début de novembre dans la région.

La simplification administrative dans la Marne

Vendredi, le 18 octobre, une centaine d’agriculteurs ont manifesté devant la préfecture de la Marne, pour dénoncer un « burn-out administratif ». Ils ont réclamé une « simplification » des réglementations, près d’un an après les importantes manifestations de la profession.

Une trentaine de tracteurs et 150 agriculteurs se sont rassemblés à Châlons-en-Champagne à l’appel des JA et de la FDSEA, selon cette dernière.  « La paperasse, on n’en peut plus », pouvait-on lire sur une pancarte plantée dans le fumier déposé devant la préfecture, a constaté un photographe de l’AFP.

Les agriculteurs déplorent un « cumul de normes, de documents à remplir, de règles à retenir, d’interdictions », souligne la FDSEA dans son appel à la mobilisation. « On a de plus en plus d’agriculteurs qui connaissent un vrai burn-out administratif », souligne Catherine Pierlot, de la FDSEA 51, qui s’est rendue devant la préfecture.

Dans leur viseur, notamment la dernière mouture de la directive nitrate, qui instaure un calendrier d’épandage des effluents jugé trop complexe et « inapplicable ». « C’est devenu un parcours du combattant pour faire la moindre petite action dans nos champs », explique Catherine Pierlot, reconnaissant qu’il faut « changer les pratiques » mais avec l’impératif « de concerter les agronomes et les agriculteurs ».

Une délégation a rencontré le préfet pour demander des « dérogations à court terme ». Une demande entendue, d’après Catherine Pierlot, mais qui n’est pas suffisante : « Une dérogation soulage, mais ne permet pas de régler le problème. »